L'effroi et la tristesse se sont emparés dimanche des fidèles d'une église toute proche de la scène où l'ancien président Donald Trump a échappé à une tentative d'assassinat, un événement qui a brutalement secoué cette communauté rurale et soudée du nord-est américain.
"Je pense à tout ce qui s'est passé dans notre toute petite communauté, juste en haut de la route", s'émeut la pasteure Millie Martsolf de l'église nazaréenne de Butler, une petite commune de 14.000 habitants environ, soudain envahie par de très nombreux policiers et journalistes.
À l’intérieur de l'édifice religieux aux façades blanches, posé sur un petit champ d'herbe au bord d'une route, elle veut aussi apporter un message d'apaisement, au lendemain de cet épisode de violence qui fait encore monter la tension politique aux Etats-Unis.
"Je sais que lorsque nous en parlons aux autres, lorsque nous partageons nos opinions politiques - quelles qu'elles soient, Biden, Trump, peu importe - nous avons le choix de parler comme le Christ nous l'a enseigné, ou nous avons le choix d'être en colère, ou amers", explique-t-elle.
"Peu importe pour qui vous voulez voter, parlez avec amour", exhorte-t-elle encore sous le plafond en bois de l'église.
Agenouillée devant l'autel, une fidèle est réconfortée par un autre paroissien. Puis elle s'adresse à l'assistance.
"L'homme qui a été tué hier est le cousin germain de ma belle-fille", annonce-t-elle debout, devant le crucifix.
"Mon fils et ma belle-fille ont été tragiquement bouleversés par tout cela (...) Il protégeait sa femme et sa fille. Nous sommes tous frappés", ajoute-t-elle.
Le gouverneur de Pennsylvanie a confirmé dimanche que ce pompier qui venait tout juste d'avoir 50 ans, père de deux enfants, Corey Comperatore, a été touché par les balles en "(plongeant) pour protéger sa famille".
"Nous ne comprenons pas"
Le révérend de l'église, Stephen Smith, appelle les paroissiens à prier pour le défunt et sa famille.
"Nous vivons des moments difficiles, que nous ne comprenons pas", déclare-t-il, les larmes aux yeux.
"Je pense qu'on peut dire que nous ressentons tous le poids de la perte d'un membre de la communauté", poursuit-il.
"Nous vous remercions que l'ancien président Trump n'ait pas été tué, nous pleurons la perte de la vie humaine et les blessés (...) Mais en même temps, nous devons être reconnaissants qu'il n'y en ait pas eu plus", lance à son tour la claviériste, lors d'une prière. En plus du spectateur décédé, deux autres ont été grièvement blessés.
"Je demande la paix et la guérison pour ceux qui ont été traumatisés. Ici même parmi nous aujourd'hui, il y a des gens qui étaient (au meeting)", ajoute-t-elle.
À l’extérieur, les policiers de l'Etat de Pennsylvanie ont formé un cordon sur la route menant au champ de foire où se tenait le rassemblement, endeuillé par les tirs d'un jeune homme de 20 ans, qui a été abattu et dont on ne connaît pas les motivations.
Le drapeau américain géant suspendu au-dessus de la scène où Donald Trump a été ciblé est encore visible pour les automobilistes qui passent et ralentissent près des lieux.
"J'ai du mal à m'imaginer vivre, en face de la foire agricole, et entendre des coups de feu. Ce doit être lourd à encaisser", explique Dane Rahoi, un professeur de médecine vétérinaire de 33 ans, qui a fait deux heures de route pour se rendre sur les lieux des coups de feu. "On est tous sacrément fragiles", lâche-t-il en promenant son chien.
La Rédactaction (avec AFP)